18 mars 2013

AU BOUT DU CONTE

Réglé comme une boite à musique, le duo Jaoui/Bacri sort un film tous les cinq ans, et cette année force est de constater que le tandem n'a pas perdu de sa verve pourtant le résultat laisse un goût particulièrement amer. Même si je sais m'avouer fervent amateur des dialogues savoureux et croustillants dont ils ont le secret, il faut aussi leur reconnaître que la mise en scène n'est pas leur fort et qu'ils compensent leur manque de savoir-faire par des tirades bien placées. Comme pour beaucoup d'entre nous, cette faiblesse a fini par développer en nous une sympathie pour le duo qui fait qu'on leur pardonne leur maladresse scénique grâce à leur justesse d'écriture. Et puis un jour tout s'estompe, Au bout du conte est de ces films qui nous donnent la désagréable sensation que la magie s'est éteinte, que l'on ne peut plus rien attendre de ceux qu'on  avait essayé de protéger jusqu'au bout, qu'on avait même défendu contre vents et marrées la fois précédente (Parlez-moi de la pluie).
Je ne leur jette pas la première pierre, bien d'autres sont tombés dans le panneau avant eux. Ils rencontrent aujourd'hui ce que le cinéma français a comme plus grosse faiblesse : l'incapacité à se renouveler. Le film est une fois de plus l'occasion de tisser les liens entre des personnages que tout sépare, dans un film choral décalé où des protagonistes hauts en couleurs et en stéréotypes finiront par tirer les enseignements des choses de la vie, le tout à grands renforts de contre-croyances et de raisonnements par l'absurde. Orchestré sous forme de fable, composé de divers contes transposés au monde d'aujourd'hui, le film confère ainsi à Paris une image de ville aux allures féeriques, sans que jamais la magie n'opère.

Obnubilés par la mort, la peur d'être seul, d'être dépendants, de vieillir, de voir leurs corps se défraîchir, et de vivre par procuration, nos deux protagonistes jalousent la jeunesse et l'insouciance de leurs progénitures qui ont encore toute la vie devant eux, et qui peuvent encore faire de leur vie un conte de fées aux tendances bobos. Comme une gênante séance de psychanalyse, le film renvoie les Jacri à leur jeunesse passée, à leurs premiers amours, à leurs peurs, phobies et autres psychoses, pour donner un résultat truffé d'aigreur, d'amertume et de pensées désabusées. Ils nous donnent l'impression d'être écrasés sous le poids des années [en parlant de poids Agnès...], et de finalement n'avoir plus rien à nous raconter. Niveau acting, rien de transcendant, chacun est égal à lui même, en dehors d'un Biolay monocorde, pourtant intéressant dans son interprétation du grand méchant loup.
En fin de conte, chaque fable possède une morale qui lui est propre, celle-ci n'est pas très claire sauf si leur message est « La vie est une pute », mais j'émets de forts doutes quant à cette interprétation. Cependant, Jaoui et Bacri peuvent en tirer la leçon : renouvelez-vous !

Les 4 commentaires idiots

  1. Damned! mon ordinateur a été piraté, je vais sur ASBAF et je me retrouve sur telerama !!!

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  2. Foutredieu, à cause de cet article je viens de me rendre compte qu'ASBAF était un blog sur le cinéma, j'en reste pantois.

    Très bonne critique cela dit, ça résume bien le problème du cinéma français et de l'ennui mortel qu'il procure.

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  3. Ahah exactement ce que j'allais dire l'anonyme masqué ! Elles sont où les insultes bordel? Je retourne chez Les Inrocks bonne soirée...

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  4. Je pense qu'Akwell a écrit l'article bourré, il était pas dans son état naturel.

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Fous au moins un pseudo, les anonymes ça nous pète les yeukous.