Moonrise kingdom a ouvert mercredi le 65ème festival de Cannes. Je n’ai même pas eu besoin de me faire accréditer VIP pour le mater, mon ugc de proximité le diffusait déjà comme un film déjà vulgairement banal, coincé à l’affiche entre trois films avec Fred Testot et un blockbuster pour retardés mentaux. Plutôt que partager l’accoudoir avec Bérénice Béjo ou Mouloud Achour, j’ai vibré dans l’obscurité de ma salle aux côtés de deux lectrices de Télérama et trois étudiants ringards baladant un exemplaire corné de Kerouac pour se donner une consistance.
Moonrise kingdom est la nouvelle dope de Wes Anderson, le réal qui était cool avant qu’il ne le devienne for real. Avec Rushmore et Royal Tenenbaums, le mec a su imposer son cinoche fétichiste bon chic bon genre tout en haut des cimes du 7ème art. Il passait même du Devo dans ses films. Une sse-cla somme toute assez sympathique. Mais un jour, Wes a décrété que la façon dont il filme, son style, ne serait plus un style mais une trademark. Le délire fût poussé jusqu’à un film d’animation à sa propre gloire Fantastic Mr. Fox qui ressemblait moins à du Walt Disney qu’à un dépôt de marque. Dès lors complètement cramé et réduit à taper discut’ dans les vernissages avec l’autre fashionista de sa génération Sofia Coppola, le réal américain entend bien, avec Moonrise kingdom, redorer son blason couleur crème sur chemise en flanelle danois. Fag’.
1965, un scout disparaît du camp Ivanhoe. Où est-il ? Parti choper une poupoune en forêt. Son régiment part à sa recherche pendant que lui, vit sa première grande histoire d’amour. À première vue, tout est là, l’esthétique rétro, les costumes vintage, le spleen post-yéyé, le sentimentalisme dépressif, tout – ou presque. Ou pas du tout. Il manque déjà Owen Wilson qui aurait très bien pu écoper du rôle tenu par Ed Norton, tout à fait dispensable. Petite note à l’intention de Wes : éviter les scores avec du Mozart et du Schubert quand certaines parties de ton script ressemblent comme deux gouttes de pisse à celui de La guerre des boutons.
Tout semble factice, les rôles d’adulte n’existent que sur le papier. Comme d’hab, il faut chercher du côté des enfants pour trouver un peu de fraîcheur (© Marc Dutroux) : les deux tourtereaux de 12 ans portent joliment le film. Lui, Jared Gilman, sorte d’Antoine Doinel chez les boy-scouts, apporte candeur et facétie quand elle, Kara Hayward, se balade le derniers tiers du film en petite culotte rose, ce que ne manque pas de filmer le bon Wes, l’occaz pour lui de dévoiler un côté libidineux qu’on ne lui connaissait guère. Cet homme eut été pompier de Paris que cela ne m’étonnerait pas.
Merci donc les gosses d’avoir assuré le minimum syndical. Petite blague cannoise de circonstance : tu connais la différence entre la petite Kara Hayward et les fêtes à la Villa Schweppes ? T’auras du mal à rentrer mais une fois dedans ça déchire.
A quand Alice au pays des merveilles de Ouesse Anderson ?
RépondreSupprimerJ'ai un peu de mal à savoir ce que tu en as pensé, et si je ne l'avais pas déjà vu je ne saurais si je devrais le voir.
RépondreSupprimerAurore : 3,5/5
RépondreSupprimerLa blague qui conclue l'article est aussi excellente que le film :)
RépondreSupprimerexcellent !!! C'est comme ça qu'on conçoit la critique cinoche ! Eh hop, dans nos liens on reviendra
RépondreSupprimerCa devient le minimum syndical, tes critiques pourries.
RépondreSupprimerHa ha! je viens justement d'écrire du mal de ce clip, pardon, film et je me suis dis "tiens, qu'est-ce qu'ils en ont pensé, chez Asbaf?"hé ben j'étais sûre que vous n'alliez pas aimer. Voilà.
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