Moi et Morsay, le créateur des Truands de la Galère, on a fait un film. Ca s'appelle La Vengeance. Je voulais pas faire la critique de mon propre truc, mais Vincent est à la montagne occupé à rider des pistes de ski le jour et des skieuses la nuit, Akwell prospecte à l'étranger pour déménager la rédac' et Thomas est en business trip hivernal à Bogotá pour nous ramener de la poudreuse. Moi, ce que je crois, c'est que ces p'tits enfoirés refusent de mater mon film. Tâchons d'être justes, pas comme ces carpettes de journalistes qui vont se payer La Vengeance et ensuite rédiger un bon papelard sur le prochain Canet.
Morsay, je l'ai rencontré en zonzon. Moi, je venais en tant que civil : toutes les semaines, je rends visite à Auguste. Auguste est un mec en fauteuil roulant. L'an dernier, il m'est rentré dedans en pleine rue. J'étais peinard, au feu rouge, les claviers de Jean-Michel Jarre à donf dans le poste, quand Léguman est venu se fracasser contre ma portière parce que les freins de ses roulettes auraient lâché. Je suis sorti pour m'enquérir de son état : elle était cabossée et la peinture manquait. Derrière moi, Auguste saignait des genoux et geignait comme une dinde. J'ai de nouveau regardé ma portière défoncée : elle m'a soufflé que pour un type censé ressentir queud' au sud de la prostate, il surjouait quand même un chouilla son rôle de victime. J'ai donc décidé de régler ça à l'amiable, on est allés boire un café puis je lui ai collé un procès au cul. Et me voilà à lui rendre visite en taule, j'lui amène le journal, on est devenus potes quoi. Vu qu'en plus d'être en fauteuil, Auguste roule pour les cocos, je lui amène parfois Le Figaro pour l'emmerder, je l'écoute s'énerver sur le nanocon et sa clique. Ca nous fait sourire, moi et son voisin de cellule.
Ah ouaip, son voisin de cellule : reubeu, crâne rasé, la gueule un peu cassée, moins suite à une rixe de rue qu'à un accident de puériculture, sunglasses classe 4, fringues classe ouvrière, tee-shirt indiquant "Truand de la Galère". Veut qu'on l'appelle Morsay. La première fois, tout m'est revenu à l'esprit : les vidéos youtube "nique la chatte à ton grand-père", "on s'en bat les couilles", les réponses des tarlouzes de noëlistes, les réponses aux réponses, le bordel sur internet. Naturellement, j'ai tout de suite voulu faire un film avec lui. Il a dit "okay on n'a qu'à qu'faire ça" et, dès le lendemain, m'a filé un tee-shirt personnalisé indiquant Si t'aimes pas L.M., va bien niquer ta chatte, marquant ainsi mon intronisation dans le gang des Truands de la Galère (des Garants de la Truelle, diraient parait-il les rageux). A sa sortie de prison, trois mois plus tard, je lui proposais un scénar qui collait à son univers.
Le scénar, le voici : au début, des flics viennent contrôler Morsay et son frère, Zehef, qui n'ont rien fait de mal, sinon ne pas avoir de papiers et s'être tapés une grosse dans une cave (c'est dans le scénar). L'un des flics va provoquer Morsay et les deux vont finir en garde à vue. Pour pas faire trop cliché dans le rôle du flic-skinhead-facho qui tape de la coke avec une Visa Electron, j'ai casté un mec ressemblant comme deux gouttes de Chablis à Benjamin Biolay, le même, il m'a plu tout de suite. En plus, c'était garanti que Clicli et le crew allaient aimer. Le vrai challenge suivant en tant que metteur en scène a été de faire les flics aussi cons qu'ils le sont dans la vraie vie : au feeling, j'ai fait accrocher des gros fusils à pompe aux murs du comico puis les ai fait dégainer pour arrêter des voleurs de biscuits, parce que bon, l'Etat Français et ces bâtards d'Illuminatis se font généralement pas trop embrouiller par des péquenots d'outre-Méditerranée, si tu me permets l'euphémisme. Ensuite, Morsay et Zehef font de la taule, sortent et veulent se venger du flic-skinhead en fabriquant des tee-shirts. D'où le titre, La Vengeance, oublie pas.
Je voulais du vrai, je voulais de l'authentique, j'ai donc rapidement décidé de laisser Morsay et son frère improviser leurs dialogues. La connerie est alors passée en pilotage automatique, tout ce que j'ai eu à faire à partir de là a été de coller des alcalines dans ma DVcam. L'authentique, qu'est-ce ? Ce sont ces phrases : « Tu veux qu'on va aller en prison ? », « Moi j'vends pas de coke, j'vends des stupéfiants », « Ce pays, j'le baise comme Scarface », « Tu traînes qu'avec des mecs qui sont cotés à l'argus », ou encore le final : « La vengeance est un plat qui se mange tout d'suite ». L'authentique donc, mais je voulais malgré tout rendre hommage au cinéma de badass. On a donc multiplié les clins d'oeil à La Haine, Heat, Scarface, American History X, Taxi Driver, Les Affranchis, Requiem for a Dream,Yamakazi, Indiana Jones, Karate Kid et même Les Visiteurs.
Je voulais du vrai, je voulais de l'authentique, j'ai donc rapidement décidé de laisser Morsay et son frère improviser leurs dialogues. La connerie est alors passée en pilotage automatique, tout ce que j'ai eu à faire à partir de là a été de coller des alcalines dans ma DVcam. L'authentique, qu'est-ce ? Ce sont ces phrases : « Tu veux qu'on va aller en prison ? », « Moi j'vends pas de coke, j'vends des stupéfiants », « Ce pays, j'le baise comme Scarface », « Tu traînes qu'avec des mecs qui sont cotés à l'argus », ou encore le final : « La vengeance est un plat qui se mange tout d'suite ». L'authentique donc, mais je voulais malgré tout rendre hommage au cinéma de badass. On a donc multiplié les clins d'oeil à La Haine, Heat, Scarface, American History X, Taxi Driver, Les Affranchis, Requiem for a Dream,Yamakazi, Indiana Jones, Karate Kid et même Les Visiteurs.
En terme d'analyse, si mon film peut paraître un peu con à première vue, c'est tout l'inverse. Quand je choisis de placer un voiturier devant le bar à chicha en plein Paris, il ne s'agit que d'accentuer le décalage entre le quotidien des cultures périurbaines et la représentation qu'elles s'en font dans l'espace intramuros : ce voiturier n'est qu'une bête projection du subconscient de Morsay. Quand je choisis de faire changer quatre fois de tshirts et de longueur de pilosité faciale au même protagoniste au fil de scènes dont le temps narratif n'excède six heures, mon propos est qu'un destin ne peut être un objet propre : Morsay évite la ficelle sociologique de l'inné et de l'acquis, il est simplement un tout et il est plusieurs. Il est la Cité.
Au final, si t'as pas compris ça ni tout le reste et si t'as pas aimé notre film : va niquer ta mère. Bonne semaine.
et du coup, on le trouve OU ce film? (je veux dire si on est assez con pour vouloir le voir quoi)
RépondreSupprimerIl est dispo sur dailymotion, en tapant La Vengeance Morsay, mais ne le fais pas évidemment, c'est du vol.
RépondreSupprimerJe vois pas de quel film on parle, mais ton article est drôle.
RépondreSupprimerEcris donc des livres !
Donc 24heures plus tard les types ont fait 48h de garde à vue...problème ? Sinon il tripe !
RépondreSupprimerCe film retourne Mimi Mathy comme un beau diable. Ce film baise les skins de plus belle la vie. Ce film éteint les mongoliens consanguins des feux de sa mère.
RépondreSupprimerCe film nique à lui seul toute la vieille production audio-visuelle passant à la télé-française.
L'autre, il fait pas mieux avec le camping car des blaireaux.
Truand de la galère... Mmmmm... Quel nom de merde sérieux :)
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