Nous sommes en 2011, les douze coups de midi retentissent dans la tronche de Jean-Cul Reichmann quand L.M déboule en trombe dans la rédaction. Plein d’entrain, il s’agite tel un pantin mal synchronisé et hurle un truc proche de "Remuez-vous les connards ! Demain c’est la journée de la femme, et ça serait bien un mal qu’on n’aille pas aux putes. Je viens de gratter 500 boules dans le larfeuille de ma vieille. Pour le coup, c’est moi qui régale : tournée générale !". Sitôt dit, sitôt prêt, Vincent part à toute berzingue chercher l’asbafmobile pendant que L.M s’occupe des bagages et provisions en tous genres. Boissons énergisantes, paquets de chips, liqueurs, quelques sachets de poudreuse à droite, quelques pilules à gauche, le tout recouvert d’une montagne de capotes et de lubrifiants de toutes sortes. De mon côté, je pars avec Ramona à la recherche de Thomas. Disparu depuis quelques heures. Nous pensons qu’il est parti se ressourcer à la cave avec quelques lectrices du dernier cru, mais rien. Par acquis de conscience, nous fouillons l’ascenseur et le toit, paraît que ça fonctionne dans certains films, mais nada, walou. Devant l’impatience de notre ami qui trépigne et insiste lourdement sur le klaxon, nous ne pouvons que nous résoudre à lui laisser un petit mot : "Si tu es encore là, pense à bien fermer derrière toi et nourris le chat. Bisous".
Nous grimpons dans le mini van, et c’est parti pour une quinzaine d'heures de voyage. Notre destination n’est autre que la chaleureuse Punta Del Mar et son bordel quatre étoiles «El Cielo». L'Espagne ce n'est pas la porte à côté, je vous l'accorde, mais si vous désirez un excellent rapport qualité prix, il n'y a rien d'équivalent. Les latinas vous proposent des formulas completas pour la moitié du prix de celui d'une BBW du bois de boul’. Le prix au kilo est sensiblement égal à celui du filet mignon, ce n'est pas celui de la truffe et de la call-girl parisienne, pourtant le résultat est largement supérieur. ! Habituellement c'est Thomas qui conduit, mais cette fois nous décidons de laisser Ramona prendre le volant ; boire ou conduire il faut choisir. À la moitié du trajet, nous choisissons de faire une halte dans un petit vignoble de notre goût. Nous participons alors à un cours d'oenologie : nous dégustons, nous admirons les robes, nous apprécions les couleurs et les goûts, nous buvons, nous recrachons et bien évidemment nous finissons pleins comme des tonneaux. À cette occasion, L.M se fait refaire les chicos pour des propos un tant soit peu déplacés concernant la générosité de la poitrine de notre voisine de table. Vincent termine sa dégustation étalé dans un fossé du domaine et moi je ne sens plus mes membres inférieurs si bien que je suis dans l'incapacité de pourvoir marcher. Heureusement, telle un ange gardien venu des pays de l'est, Ramona est là pour veiller sur nous. Elle m'installe alors dans le fauteuil roulant que nous gardons au fond du kemtar en souvenir d'une autre soirée bien arrosée où un connard avait rayé la peinture avec ses dents, et je finis de cuver ma vinasse pour le reste de l'après-midi. En fin de soirée, nous montons un camp de fortune à une centaine de bornes de la frontière, histoire de passer la soirée à la belle étoile et d'évacuer toutes les saloperies que nous avons ingurgitées. Rien de mieux qu'une petite queue de renard entre deux buissons pour vous requinquer un homme.
Tirés dès les premières lueurs du soleil, inondant notre 2'' empruntée à
des sans papelards le long du canal St Martin, nous reprenons la route,
à quelques heures à peine d’une seconde dégustation. Les dernières
heures nous paraissant interminables, nous décidons de tuer le temps en
chanson. Peu à peu, la camionnette se transforme en un récital de
chansons françaises composé d’un éventail musical éclectique allant de
Gainsbourg à Cabrel en passant par Joe Dassin. Nous n'avions pas
vraiment le choix, c'est ça ou "comment L.M. a contracté sa première
chtouille" pour la 143ème fois. Arrivés à la villa, nous déposons nos
valises, piquons une tête dans la piscine et nous préparons
psychologiquement pour la soirée qui s'annonce. Pour la suite je ne vous
fais pas de dessin, vous comprenez bien que nous ne nous sommes pas
tapés 1200 bornes pour saluer ces braves dames. Bien sûr, la sauterie
fût une véritable partie de plaisir, de rigolades, mais l'absence de
notre pote s'est faite sentir. Nous avons même du nous mettre à trois
pour consoler Fiona et combler ses foot fantasy, sacrément attristée de
ne pas trouver Toto en notre compagnie. Une douzaine d'heures plus tard,
c'est lessivés que nous avons quitté les lieux du pêché, les joues
creuses, trois ou quatre kilos en moins et les couilles comme des
pruneaux. Résultat des courses : L.M. s’est bloqué le nerf sciatique et
reste paralysé façon Christopher Reeves – ou François Cluzet pour les
plus cons –. Vincent a perdu une partie de la vue – nous n'avons pas
voulus en savoir plus – et moi une fois encore, mes jambes m’ont lâché
par manque d’irrigation.
De retour dans l’hexagone, nous avons raconté notre road trip à notre
pote Jojo la frite. Il a décidé d’adapter notre histoire au cinéma et
voilà, le film vient de sortir en salles, ça s’appelle Hasta La Vista.
Vous n’en avez pas entendu parler ? Avec les sorties de John Carter from
mars, de Comme un chef, de Martha Marcy May Marlene Massage
Masturbation Mature et de l’aveugle qui conduit une Ford – ou alors je
n’ai pas bien compris la pub –, il est fort probable que vous l’ayez
raté. Rien de moins anormal puisque le budget promo du film est à peu
près aussi élevé que celui de notre rédaction, comprendre ici qu’il est
essentiellement composé de stickers et de badges. Malgré tout quelques
producteurs et gérants de cinémas ont fait l'effort de le projeter dans
pas moins de 120 salles – quand Intouchables et ses 19 semaines
d’exploitation envahissent toujours 263 toiles françaises –. Merci aux
irréductibles qui se sont démenés pour vous fournir cette fraîcheur
humoristique venue tout droit de Belgique une fois.
A l’instar d’Eric Toledano et Olivier Nakache, Geoffrey Enthoven – le
Jojo cité plus haut – nous représente ici sous la forme d'un gang de trois handicapés. Vincent est campé par Jozef – en l’honneur de ce bon Fritzl
–, L.M. se trouve tiré sous les traits de Philip quand Lars se trouve
être mon alter ego cinématographique. Les trois compères sont ici
accompagnés par l’infirmière Claude, qui n'est autre qu'une grossière
représentation de notre nounou/dactylo aguerrie. Durant 1h30 de road
movie endiablé, de la conquête du dépucelage à la découverte de soi avec
une étape sur le handicap, Hasta La Vista est une réussite exemplaire.
Un flim bien huilé, sans ambition et pourtant bourré de talents, qui ne
rencontrera vraisemblablement pas le même succès que son homologue
français, dommage. Si le flim est programmé dans votre ugc de proximité,
foncez mes loulous, vous ne le regretterez pas; foi de moi.
Et Thomas dans tout ça ? On l’a finalement retrouvé recroquevillé sur le
carrelage des chiottes de la rédac'. Il avait été pris par de violentes
douleurs stomacales pour finalement tomber inconscient au bout de
quelques heures. Inquiétés par son état de santé, nous l’avons
transporté à l’hôpital le plus proche. Dans la salle d'attente, les
suppositions allaient bon train. Je pariais sur une tumeur, Vincent
tablait sur une descente d'organes, et L.M. répétait sans cesse : "Ça
doit être les burgers". Le docteur lui a finalement diagnostiqué une
banale appendicite, pas très original !
Akwell, normalement, à la fin du film, tu meurs. T'es au courant ?
RépondreSupprimerPS: Vincent et Ramona ça va pas durer.
Ps: Ouais ce film c'est une tuerie, et els putes sont superbes.
oh, c'est tellement beau votre escapade ! j'en redemande !!
RépondreSupprimervous sauriez pas quelle est la chanson qui passe lorsqu'ils vont pour la deuxième fois au bordel par hasard ? je cherche partout mais j'trouve pas.
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