C’est toujours le même rêve. Je suis étudiant en cinéma, un thésard brillant prêt à révolutionner la pensée critique, un cerveau quelque part entre Serge Daney et Jean-Marc Lalanne. Je m’apprête à rendre mon mémoire sur lequel j’ai planché durant des années. Une assemblée de vieux théoriciens du cinéma m’attendent au tournant, prêts à me consacrer « meilleur élève de tous les temps de l’Orson Welles American Institute of Cinema » (c’est un rêve). Je gravis l’estrade, salue ces vieux barbus qui ont connu Frank Capra gamin et me lance dans l’exposé cinéphilique de ma vie. J’essuie discrètement la moiteur de mes mains sur mon pantalon de satin et inscris au tableau l’objet de ma thèse… Transformers. REVEIL EN SURSAUT.
Pour quiconque aime le cinéma, ce genre de rêve a le don de vous déstabiliser. Surtout lorsqu’à votre réveil, vous retrouvez griffonnés sur un bout de papier au bord de la table de nuit ces quelques mots : Transformers, de l’hégémonie du patriotisme dans la catharsis de destruction massive : réflexion sur la toute-puissance de l’emphase technologique de Michael Bay, en trois volumes. Un title de thèse qui, il y a encore dix ans, aurait été proscrit par n'importe quel quidam sachant tenir une caméra. Michael, j’ai failli te tracer une route tout droit vers la gloire : t’as failli avoir ton nom dans les encyclopédies de cinéma pile entre Tex Avery et Ingmar Bergman. Je ne croyais pas si bien dire.
Si mon cerveau a déféqué un tel rêve, je ne vois que deux raisons. 1) une inception. 2) l’art pyrotechnique de Michael Bay résonne au plus profond de mon être, évoquant peut-être chez moi l’enfance que j’ai perdu trop tôt (catéchisme) ou alors un vice mental sacrément dégueulasse (catéchisme toujours). Il existe cependant une raison 3). Les Etats-Unis sont en train d'ériger Michael Bay en grand auteur de ce nouveau millénaire et même « poète du cinéma post-humain », critiques (Variety, Time) et cinéastes (James Cameron en tête) louant ses « magnifiques paris de mise en scène. » Et en fait... je suis plutôt d'accord.
Michael Bay nous a concocté un opening pas piqué des hannetons : il nous crache en 3D un gros mollard de conspirationnisme débile mais sympa. Apollo 11 sur la Lune, un petit pas pour l’Homme, un gros kick des ricains dans la face de l’URSS ? Oubliez, il s’agissait de retrouver l’Arche de Cybertron qui s’était écrasée sur notre satellite naturel. Tchernobyl, catastrophe nucléaire sans précédent ? Terrible méprise, c’est l’expérimentation d’une pièce de l’Arche qui a offert aux ukrainiens trois jambes et cinq tétons. Au passage, De Gaulle n’a jamais existé et le Dalaï Lama est en réalité le co-directeur de la CIA avec Tiger Woods.
Après cette belle introduction, Michael Bay s’emploie à faire péter en trois dimensions ses 250 millions de $ de budget d’effets spéciaux et claquer ci et là ses quelques obsessions – sa griffe en quelque sorte. Pêle-mêle : des gros plans sur des culs de pute et une dissertation de bac philo à propos de la liberté entre Optimus Prime et Megatron. Grand poète, l’ami Bay nous gratifie également d’une jolie comparaison entre la femme et une voiture de collection. « Des courbes élégantes qui révèlent sa sensualité… une carrosserie dessinée par Dieu lui-même… et un putain de cul, mon gars, encore mieux que la Kardashian ! » nous susurre la voix suave de Patrick Dempsey.
Objet de propagande yankee, Transformers : La face cachée de la Lune est une belle saloperie républicaine. Entre deux apologies de l’industrialisme, Bay rappelle que l’Iran cherche à produire illégalement du nucléaire avant de charger les Decepticons de détruire durant la majeure partie du film Chicago, le fief de Barack Obama. Baracko que l’on voit d'ailleurs au début taper un hug de gangsta à Shia Labeouf. John McCain étant crédité co-scénariste du film, cela n'étonnera personne.
Je persiste néanmoins à croire qu’un jour, lorsqu’il ne tournera plus un script trouvé dans un emballage Hasbro, Michael Bay fera un bon film car ce con possède tout de même un beau sens de l’image, quelque chose de suffisamment classe pour être assez rare dans l’action movie contemporain. Au fond, je suis sûr que c’est ce dont rêve Michael la nuit.
Il faut noter certaines répliques magnifiques comme ce "Vous ne m'avez pas trahi VOUS VOUS ÊTES TRAHIS VOUS MÊME" avant de buter le méchant.
RépondreSupprimerSi j'devais repasser le bac de philo j'aurai sans doute cité le grand optimus prime "kan tu séss de croar en lé zotre, ne séss jamé de croar en toa"
RépondreSupprimerj'l'ai telechargé illegalement ce matin meme....
RépondreSupprimerJ'ai tenu une heure devant le premier volet. UNE HEURE. Les gars, j'admire votre courage (masochisme?) lorsqu'il s'agit de se mater des gros navets jusqu'au bout, au nom du bon gout et du LOL. Rwispect'.
RépondreSupprimer(Et très jolie introduction, au passage.)
Je ne l'ai pas encore vu personnellement donc difficile de me prononcer. Même si ça risque d'être le même topo que pour les autres, à savoir du lourd visuellement mais pas grand chose niveau scénario.
RépondreSupprimerPS: C'est seulement 195 millions de $ le budget de ce 3ème opus :)
Vous me faîtes bien marrer!
RépondreSupprimerUne thèse sur cette horreur, je vais y penser...
Ah beh quand même, Môssieur s'intéresse enfin au vrai, au grand cinéma, il était temps, tu me désespérais en fait.
RépondreSupprimerCe n'est malheureusement que du visuel avec Bay !
RépondreSupprimeril est excellent ce film !
RépondreSupprimerDommage, car si on enlève l'idéologie, le scénar pourri, les acteurs qui cabotinent, les 45 minutes de trop, je suis d'accord, le mec sait filmer les scènes d'actions, mais les quelques scènes visuellements impressionnantes ne suffisent pas à sauver le film...
RépondreSupprimerC'est bien ce film qui a eu la palme d'or à Cannes ? Ah non mede je me suis planté de salle. 'Tain, trop la lose o_O
RépondreSupprimerJe viens de tomber sur votre blog et en deux mots : je déteste. Voilà. Vous n'êtes ni drôles, ni bons dans votre écriture, vous n'êtes qu'une parodie de la parodie de la parodie de la parodie. Vous ne comprenez pas les films que vous critiquez, et pourtant vous les critiquez quand même, en plus vous semblez adoubés par Studio Ciné Live d'après ce que je viens de voir (je ne suis pas allé au-delà). Une merde votre truc. Mais sans doute est-ce recherché. Pauvre Charlot, ses descendants devraient porter plainte. La frustration n'amène rien de bon les gars.
RépondreSupprimerCordialement, quand même.
Hé bien, ils n'ont pas trahis l'essence même de ce qu'ils avaient entrepris... Des meufs... Des bagnoles... De l'action... Une odeur de couille de taureau envahit les narines, pas besoin de réfléchir, c'est ce qui doit plaire dans ce genre de film purement visuel, et ça marche !
RépondreSupprimerP'tain, d'zen, na'din !
N'importe quoi. ASBAF, tu creuses ta tombe.
RépondreSupprimerEffectivement, un divertissement grandiose... au message profondément débile...
RépondreSupprimerBon, j'en sors, j'ai beaucoup ri, et dormi deux fois. Le flim aurait pu être plié en 1h15. Bay rajoute des éléments qui s'enchainent sans queue ni tête, en espérant faire un peu de comique. Le pire de tous en construction scénaristique, mais la 3D passe vraiment très bien. Et puis tout le putain de flim est en 3D, c'est pas juste une scène par ci, par là.
RépondreSupprimerMoi, j'écrirai ma thèse sur Bay quand il me pondera un Rock 2.