10 mars 2011

TRUE GRIT : LES COEN A L'OUEST

J'ai couru comme un dératé, n'étant pas d'humeur à exploiter un de ces feignards de caissier qui ont élu domicile dans mon UGC de proximité j'ai chopé à la borne one ticket pour Halal police d'état, re-couru comme un dératé vers la salle, poussé les portes de l'enfer de la comédie française, dérangeant au passage une cinquantaine de cinéphiles desséchés déjà rivés sur l'écran, ce qui en fin de compte était plutôt légitime puisque le film venait d'entrer dans son premier quart d'heure. Mentalement préparé à encadrer 4 par 3 la gueule de jambon de Ramzy Bédia, quelle ne fût pas ma surprise de découvrir une intrépide préado aux longues nattes brunes ! "Maïgod mais je la connais, c'est la teen de chez BangBros", s'exclama ma conscience professionnelle. C'était donc parti pour True grit des frères Couenne.
J'ai rien entravé à ce foutu début de film, pile au moment où ma pomme de critique certifié ASBAF a débarqué dans la salle, Jeff Bridges était peinard dans un chiotte et la gamine de 14 ans piges voulait lui ravir le trône. L'héroïne est une casse-couilles finie à la pisse, la messe était dite. Bon. Après ça n'avait guère l'air d'être plus clair, la chieuse boursicotait avec un vieux dégueulasse la valeur d'un kilo de coton et de trois malheureux ânes, tout ça pour la modique somme de 100$ qu'elle réussit finalement à élever à 320$ pour semble-t-il payer l'avortement du chtard que s'apprête à lui coller Jeff Bridges, un soir de pleine lune au coin du feu dans l'un de ces "vastes paysages américains" qu'entendent filmer les frères Coen en hommage à ce genre perdu : le ouestern. Ensuite, la teenager assiste ébahie au témoignage du shérif Jeff de Bruges grommelant des alibis - avec un accent auquel même le plus bourré des rednecks ne peut prétendre - aux deux avocats qui s'évertuent à savoir s'il a descendu de son colt 12 ou 23 connards dont on se branle. La scène semble durer une bonne demie-heure et le film une éternité : wtf mais où qu'il est Matt Damon ?
Débarquant enfin dans le film, égal à lui-même, grand seigneur, précisant qu'il aurait pu violer la brunette s'il l'avait voulu, Matt se présente en tant que Texas Ranger, la moustache de Chuck Norris en prime en bon débile coenien qui se respeskte. A ce moment précis, la tentation d'aller retrouver la comédie 0% pur porc pour laquelle je m'étais initialement bougé fût intense mais si j'avais réussi à tenir 2h09 rien que pour mater ce cher Matt Damon apprendre à cuisiner une regina dans Au-delà alors ce True grit ne serait qu'une formalité. Faux. L'histoire s'installe péniblement : la préado veut venger son papa et mandate un shérif borgne suivi de près par le texas ymca ranger, afin de retrouver mort ou vif l'assassin. C'est le remake d'un film connu avec John Wayne, un classique du western dont le titre m'échappe, La prisonnière du désert de John Ford ? Cent dollars pour un shérif de Henry Hathaway ? Les Dalton de Philippe Haïm ? je sais plus, les westerns se ressemblent tous et de toute façon les Coen se targuent d'adapter le roman d'origine de Charles Portis.
Après No bukkake for a old man des frères Coed, voici donc le premier vrai western du binôme juif. Succès au box-office US, 10 nominations à l'Oscar, critiques de cinéma dithyrambiques des Inrocks à Jeunes & Jolies, tout réussit désormais à la paire de réals à qui l'on confère désormais à tort un statut iconique dans le panthéon du 7ème art. Ils refusent de théoriser leur oeuvre en interview ? Des génies trop modestes pour décrypter une filmo que 2000 ans d'intelligence humaine supplémentaires ne suffiraient pas pour en saisir chacune des subtilités. Ils répondent à des questions exigeant pertinence et profondeur par des jeux de mots foireux ? Achevez Woody Allen, voici la relève de l'humour juif ! Joel et Ethanol Coen sont simplement de bons faiseurs qui s'appliquent à filmer comme des Maîtres dont on décortiquerait les long-métrages en école de cinéma : un champ et un contre-champ pour introduire les personnages, un trois-tiers pour situer l'action, une plongée pour amener l'effet voulu. Mais c'est un vrai gangbang artistique les gars votre Trou grit, un festival interaméricain de l'innovation, en plus vous nous rejouez le coup du suspens avec un serpent, le genre de truc plus éculé y'a que ma mère.
Durant l'épilogue merdique du film, bloquant toujours sur le sudoku que j'avais entamé à partir de la 25ème vanne pas drôle larguée par les Coen, j'ai éprouvé le profond regret d'avoir raté l'une des comédies françaises de l'année. Je me suis consolé en me disant que la prochaine fois en allant voir Fighter avec Mark Walhberg, j'aurais peut-être la chance de me tromper à nouveau de salle et de me prendre en pleine face Le marquis avec Franck Dubosc. Fuck yeah.

Les 10 commentaires idiots

  1. Je crois qu'il faudrai faire maths sup' pour être en mesure de compter toutes les conneries (bien plus subtiles que celles des Coen) que vous sortez en un article. Mais c'est un peu pour ça qu'on vous aime, hein ?
    Sinon, je me suis aussi bien emmerdé devant "True Grit", même si je suis moins sévère que Vincent et que c'est toujours mieux que la dernière merd... euh "oeuvre" de Danny Boon.

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  2. C'est parce que t'as loupé le meilleur que tu dis ça (non je plaisante, j'ai vu bien mieux). Oui, j'ai vu bien mieux mais bon, c'est assez méchant pour un film qui n'est pas SI mauvais que ça. Enfin, je comprend ! Et j'adore vos critiques.

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  3. Moi qui aime bien les frères Cohen ET les western, je m'attendais à quelque chose de trop cool et un peu fou, et j'ai été très déçue. Ce film n'a rien, vraiment rien d'exceptionnel à part quelques gags téléphonés. Ou non, télégraphiés.

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  4. Moi qui ait subi l'humour d'eric & ramzy après avoir crié haut et fort qu'on ne m' y reprendrait plus je peux assurer que le plus mauvais Coen ne sera jamais de la trempe des copains de Jamel. J'ai apprécié true grit car justement je n'y ai pas retrouvé la patte juive des deux frères, mais plus un retour à l'essence même du western un peu niais mais volontaire des premiers westerns à la Ford.

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  5. Ya une teen chez Bangbros?
    Merci pour le commentaire, ça fait vraiment plaisir.
    Je pense que la réussite de True Grit est d'exister. Ca peut paraître con à dire mais ils ont fait près de 15 films tous intéressants voire franchement géniaux et là on sent qu'ils arrivent à un tournant. Dahan pense que ce côté pépère / sans forcer annonce des merveilles parmi les merveilles.

    Ma certitude perso c'est que ces 5 dernières minutes sont vraiment vraiment très belles et qu'ils ne rigolent plus. Ils embrassent vraiment quelque chose, quand avant ils naviguaient sans cesse entre l'hommage / recréation et la déconne.

    Je vais en lire plus ici, il y a visiblement de l'humour à caractère stylistiquement rigolo.

    Sylvain
    La Mensuelle

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  6. D'eux, je n'avais vu que Burn after reading et m'attendais à un truc aussi délirant. Raté... je me suis bien emmerdée aussi.

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  7. Tu t'attendais à voir un bukkake avec Matt Damon ? Ben c'est raté...

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  8. Y a pas a dire on se marre en te lisant. Bien vu.

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  9. Fidèle lecteur de asbaf, je poste ma critique sur True Grit (la first de ma life), si elle pue bukkakez moi.
    http://antipho.tumblr.com/post/3678538697/true-grit-antipho-se-venge

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  10. Bonjour, j'ai lu le billet jusqu'au bout mais je ne suis pas vraiment d'accord avec le fond: c'est un ouestern très sympa, un peu long vers la fin mais le début est très bien. Jeff de Bruges en fait des tonnes mais il est touchant. C'est un acteur que j'aime énormément et j'ai trouvé que les Coen brothers étaient restés modestes dans leur entreprise. C'est très bien. Bonne après-midi.

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Fous au moins un pseudo, les anonymes ça nous pète les yeukous.