L'autre jour, avec les tauliers et Ramona, notre dactylo, on était installés peinards dans l'Asbafmobile – notre voiture de fonction, un peu comme une Batmobile si vous voulez mais version Lexus avec gentes en os humains et une tête de grizzly sur le capot. On l'avait garée par hasard devant une école primaire. La cloche de l'école retentissant, j'ai fait signe à Ramona de me tendre les jumelles et de retourner s'occuper de dactylographie pendant que Vincent et Akwell sortaient se mettre en position avec les carambars. Thomas, préposé au coffre, a fait la remarque au bout de quelques minutes qu'il se tramait un truc bizarre : aucun gamin ne sortait de l'établissement.
On s'est donc demandés où pouvaient bien se planquer les chiards : s'agissait-il d'un coup fourré de la part du FBI ? Etaient-ils innocemment partis en classe de neige pour prendre un bain au sommet du Fujiyama ? C'est notre ghettoblaster-autoradio qui nous a répondu en crachant une mélodie venue d'ailleurs : Baby, de Justin Bieber. Après un instant de lucidité, j'ai lancé un regard solennel à Vincent, Thomas et Akwell puis ai grimpé dans la caisse et mis le contact. Soudain, Akwell a tapé du pied et m'a rejoint, les larmes aux yeux : « On n'abandonne pas un frère », m'a-t-il lancé à travers sa machoire collée par les carambars, avant d'ajouter : « en plus y'aura sûrement de la maman de qualité ». On a pris la direction du ciné.
On s'est donc assis devant Never Say Never à côté d'une bande de jeunes fangirls fraîches et dociles, pour faire le constat déchirant qu'on s'était gourés de séance : nous n'étions qu'une dizaine dans la salle. Tous les gamins et leurs Milfs de mères étaient devant Yogi L'ours Chiant. Trop tard pour changer : le film commençait et les cheveux de Bieber en 3D reléguaient en un seul plan toutes les potiches de L'Oréal au rang de fleshlights mal lavés.
Le film est traité de manière inattendue : si d'emblée la chose a l'allure d'un reportage quelconque sur une famille qui vient de perdre son cocker (sans doute d'ailleurs pour mieux embrouiller le spectateur), la suite s'avère lumineuse : Disney a vraisemblablement sorti le chéquier pour recruter le descendant de Goebbels ou de Staline, soit les seuls mecs sur cette terre aptes à assurer la montée en puissance du documentaire. Bieber joue de la batterie, de la guitare et du vuvuzela à merveille, Bieber vient de nulle part, Bieber est proche du peuple : on a des comètes dans les yeux, on commence même à se toucher vaguement en matant les moves du maître, si bien que plus le film avance, plus on se demande si Justin Bieber ne serait finalement pas la réincarnation de Jésus.
Je vois déjà une bande de débiles venir chier dans les commentaires pour dire « Mouuuaais, L.M., tu te fous de notre gueule, bordel, c'est un flime sur Bieber, tu me la feras pas ». J'aimerais que ce soit une blague mes amis, j'aimerais tant. Comme nous étions peu, Akwell a pu visionner le concert final en 4D pour des raisons que la loi nous empêche d'évoquer ici. Les paroles de My World fusaient en tout cas bel et bien à travers la salle de cinéma. En sortant, les gamines assises à côté de nous ont lancé : « Bouaip, une belle merde en fait ce Djeustine » : nous leur avons amplement cassé la gueule sur le parking et les avons traînées sur dix bornes d'autoroute attachées à une chaîne, avant de prendre le péage direction la Fnac histoire de claquer les rentes de Ramona dans une masse de goodies brillants et chers estampillés Justin Bieber.
Vous comprendrez donc que je me sente sale, un peu comme un type qui vient de se faire refourguer un aspirateur multi-fonctions par un connard de VRP éloquent. La morale de cette histoire, car il faut toujours chercher une morale pour se le remonter, est que t'as beau être armé jusqu'aux dents, si tu baisses ta garde ne serait-ce qu'une seule seconde, c'est l'ado de 15 ans qui te la colle profond.
Bon week-end.
haha love ta critique LM <3
RépondreSupprimerUn film sur Justin Bieber ? J'ai raté ça ?!
RépondreSupprimerSacrilège, je vais aller me punir d'une telle erreur en écoutant 14 fois sa discographie complète.
14 x 3 min de "Baby", ça va ça fait QUE 42 minutes la punition.
RépondreSupprimerm'enfin ??!! mais vous perdez le sens commun ici...
RépondreSupprimer*bande*
RépondreSupprimerpedobear-seal-of-approval.jpg
RépondreSupprimerMalheuresement, c'est vrai JB<3 est arriver à nous piéger! Ce type est un génie!
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