Non tu ne rêves pas, ton refuge d’esthètes du cinéma préféré s’apprête bel et bien à reviewer l’accident industriel le plus pourave du XXIème siècle : Le baltringue. Pourquoi ? Parce que ce bon gros navet qui tâche estampillé humour de bouffons de droite a totalisé pas moins de 30 625 spectateurs en salles et que parmi les 30 626 plus gros teubés de France, il fallait bien un membre d’ASBAF.
On pourrait railler l’art immodéré de la mimique du trublion télévisuel Lagaf’, décortiquer chaque plan qui mériterait la pendaison de son auteur ou comptabiliser les incohérences de scénario à la centaine près… On pourrait. On peut. On va. Mais pas seulement : on te dira aussi pourquoi c’est pas si immonde que ça. Car regarder Le baltringue suppose vouloir en percer le secret : comment peut-on dissoudre toutes les notions du cinéma dans un seul et même film ? Non pas qu’un gouffre cinématographique sépare ce buddy movie tuyau-de-poêle du succès surprise de ce printemps Tout ce qui brille de Géraldine Nakache – ils se valent même plutôt bien – mais le film a le malheur de trop bien assumer sa médiocrité ambiante à coups de punch-lines carambar : "T’as grillé ma couverture !" "Bah t’as qu’à prendre une couette !"
L’histoire, c’est celle d’un con à l’air très con qui s’entiche d’une brute à l’état très brut. L’un colle aux bask’ de l’autre qui a un truc à régler avec son flingue et des coups de boule. Soit le pitch de Tais-toi revu et corrigé par une distribution smoothie : un anti-Depardieu (Lagaf’, petit ami de Bill du Bigdil) et un Jean Reno du pauvre (Philippe Cura, petit ami de Bruno Solo dans Caméra café) face à une tripotée de méchants roumains encore moins bien castés que dans les films de Francis Veber. Et pour éviter à Lagaf’ d’avoir à jouer un rôle, ils lui ont octroyé un personnage de présentateur télé, les malotrus, lui qui se voyait déjà embrasser une carrière d’acteur chevronné : "Je voulais vraiment interpréter un dur, un salaud […] un animateur d’access prime time qui, une fois les projecteurs éteints, se transforme en tueur à gages." Si ce projet-là s'était monté, Apichatpong Weerasethakul n'aurait même pas pu prétendre à la Palme d'or cette année à Cannes. Life sucks.
Mais Le baltringue ne serait rien sans l’œuvre d’un réalisateur qui excelle dans l’annihilation de gags. Cyril Sebas (c’est lui) a pourtant confessé ceci : "Pour être honnête, au tout départ, j’avais quelques doutes sur la première version du scénario." Et on le comprend : pour un gusse ayant Midnight run dans le rétroviseur, un script de Bibi Nacéri (frère de Samy) comportant la réplique "Compote de culs, salade de langues !" laisse forcément dubitatif… Sebas délaisse donc légitimement le secteur comique pour mieux se concentrer sur la partie action. Les moyens financiers sont au rendez-vous, chacun possède sa propre mitraillette en plastique et une téci du 7-6 fait même office d’arène entre jeunes du tiékar et malfrats de l’Est. Le film baigne dans la luxure et se paie même une star américaine en guest : Ken Samuels, celui-là même avec son accent américain à couper à la tronçonneuse qui trahit OSS dans Rio ne répond plus. Celui qui dit "Hubert, you’re so french !" à un moment. Mais si. Même Duj’ lui répond "Merci, toi aussi." Non ? C'est une putain de star pourtant près de Montélimar.
Mais mine de rien, avec sa ringardise assumée et ses clichés tocs, Le baltringue inspire la sympathie. Qu’il vanne la police ou qu’il tacle notre bon président (Lagaf’ tire pour golri au bazooka dans un portrait de Sarkozy), le film se croit foutrement irrévérencieux en abordant les lieux de communs préférés des turfistes franchouillards. L’inoffensivité est totale, sans compter que sociologiquement on baigne en plein délire : les djeuns des téci font du roller dans la joie et l’euphorie, les directrices de casting ignorent tout de cet étrange dialecte qu’est l’anglais et un agent secret au permis de tuer mouille son slip dès qu’il roule à plus de 30 km/h. De plus, personne n’a sorti la vanne "Plus concentré que moi, y’a que le lait !" depuis 1976.
Merdique à souhait mais émouvant pour peu qu’on ait la fibre sociale, Le baltringue est une shitty comédie qui a forcément toute sa place dans cette tribune. Si un quelconque lecteur a eu l'étrange et subite envie de le mater en lisant cette review, qu’il se lapide vingt fois les mollets avant de nous le confesser dans un comment. Merci. En espérant bien sûr que personne ne l'ait déjà vu.
Les répliques du héros sont forcément mauvaises puisque c'est un baltringue, comme le dit le titre. S'il sortait des vannes extraordinaires, ce serait un tout autre personnage et un tout autre film. Quant au nombre d'entrées, il est de 40 109 mais cette erreur colle bien avec votre mauvaise fois générale
RépondreSupprimerOuaip top différence connard.
RépondreSupprimerOups il semblerait que j'ai ommis 9484 cons supplémentaires.
RépondreSupprimerPar contre, OK pour que Lagaf sortent des répliques de baltringue, mais alors pouquoi tous les autres personnages en sortent aussi ? Tous des baltringues ?
Ah! Mr Anonyme a trouvé le petit point faible d'ASBAF, nous ne consultons pas wikipédia. Par contre, si à un moment tu avais su lire, tu aurais su que ce nombre d'entrées correspond aux trois premières semaines d'exploit, et qu'il y en à eu deux de plus. Et vu qu'aucun site n'arrive à se mettre d'accord sur le nombre d'entrée réelles pour chaque flim, on va pas jouer aux comptages grévistes/flics.
RépondreSupprimerCeci dit, Vincent j'espère que tu as honte pour cette EEEENORME bourde.
J'ai honte et me méprise, je me maudis d'avoir utiliser un Technikart comme source. Mais en souvenir de Mr Anonyme, je laisse mes mauvais chiffres.
RépondreSupprimerOui c'est sur 3 semaines mais les deux dernière semaines, il n'y avait plus que quelques salles, donc M. Anonyme est plus proche de la réalité. Quant à la qualité du film, elle peut se résumer à vite tourné, vite regardé et vite oublié si on n'est pas fan de Lagaf'. Bien moins ennuyeux et déplaisant que bien des films, Le Baltringue est plutôt sympa comme film.
RépondreSupprimerLe scénario ne pousse pas le délire et la parodie assez loin ce qui est dommage.
Les points faibles, c'est le montage, la BO et les dialogues, trois choses que Lagaf' n'a pas réalisé et qui gâchent un peu le film. Heureusement, Lagaf' est là avec son humour visuel
'fin bon, oveur naïne thaouseund de spectateurs supplémentaires pour un film qui a l'air aussi à chier, y a pas non plus de quoi la ramener... Et puis on s'en tape un peu, surtout.
RépondreSupprimerChouette review, par contre c'est moi ou les 2 oldfags laissent tout le boulot aux petits nouveaux ces temps-ci?
Ouais on est grave charrette en ce moment, on reprend soon !
RépondreSupprimerSinon c'est marrant on a essayé de mater le baltringue ce soir avec le Akwell et c'est juste pas possible de mater cette merde en entier. Vincent tu es un Dieu, respect à vie.
J'ai même souri une fois dans un moment de détresse. Vous avez craqué à partir de quel passage ?
RépondreSupprimerOn a craqué au passage des chiottes dans le casino. Mon dieu ! J'en ai encore des frissons.
RépondreSupprimerOuaip, on reprend bientôt promis.
Vous avez raté la course poursuite en voiturette de golf bordel.
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