Salt, personne ne voulait se le coltiner à la rédac. Et ce malgré les consignes de notre investisseur russe. Car en plus d'approvisionner chaque mois notre réseau de prostituées mineures de l'Est, il lui arrive aussi de nous filer deux, trois idées de concept plutôt pas con. L'autre fois il nous a soufflé qu'une touche girly manquait à ASBAF et qu'il fallait y remédier. Salt nous est alors apparu comme l'excellent compromis entre le film d'action devant lequel on s'excite usuellement et le film de shagass pour lequel on se déplace seulement s'il y a de la gotho-pute dans la salle. Sauf que personne n'avait envie de reprendre des nouvelles du réal moisi Phillip Noyce dont on n'avait plus vu les films depuis 1999 et Bone collector, dernier bouzin valable de l'ancêtre. Un concours de lancé de porcins morts plus tard, je contemplais non sans admiration l'efficacité des galipettes d'Angelina Jolie pour déjouer une troisième Guerre Mondiale.
Alors qu'en France on expulse quinze pauvres roumains de leurs caravanes volées en croyant éradiquer le Mal de nos frontières, les Etats-Unis, eux, font face à une menace bien plus hostile que les accordéonistes de ton métro : une armée d'espions russes infiltrés dans les hautes sphères du gouvernement américain. Pas le style de gusses à squatter le parking de ta municipalité et à tirer l'eau des bouches-incendies. Plutôt du genre à vouloir assassiner le Président russe puis le Président ricain pour ensuite balancer des missiles US sur l'Iran et l'Arabie Saoudite. Une noble cause dans le fond. Et au milieu de tout ce bordel politico-terroriste, Angelina (la caution girly de cette shitty review sponsorisée par l'URSS quand même) incarne un agent de la CIA soupçonné d'oeuvrer pour le compte de ces cocksuckerz de staliniens.
On ne l'avait pas vu venir mais Hollywood nous reboote bel et bien la Guerre Froide. Et quitte à nous pisser une soupe dans de vieux pots, autant faire appel à un vieux pote, Phillip Noyce, qui n'est plus à un thriller d'espionnage près. Spécialiste du sac de noeud politico-chiant dans les 90's (Jeux de guerre ou Danger immédiat que même France 3 n'ose plus rediffuser), le réal australien sort d'un désert cinématographique d'une dizaine d'années. Un gouffre durant lequel il a même dirigé Brendan Fraser dans le rôle titre d'un remake d'un film de Mankiewicz (Un américain bien tranquille), c'est dire la sécheresse artistique du gars. Alors que tout le monde espérait Terry George, Peter Berg ou Michael Mann, c'est donc un réal brisé, Noyce, qui débarque sur le tournage de Salt avec ses trucs et astuces du siècle dernier : chargeurs de gun inépuisables, high-tech défaillante au moindre coup d'extincteur, sérum contenu dans le corps d'une araignée... Phillip voudrait qu'on avale ses couleuvres sans moufter mais n'est pas ta mère qui veut.
Le film est évidemment une hérésie totale : son enjeu repose essentiellement sur la véritable identité de l'agent Salt alors qu'on sait tous que jamais Angelina Jolie, la maman du Tiers-Monde, n'interprétera une sale gaucho à vocation terroriste. Alors une fois qu'on a pigé qu'elle n'est pas plus un suppôt de Poutine que moi un fervent militant des jeunesses catholiques de l'UMP, on la regarder casser des rotules de ruskovs avec le dynamisme d'un fonctionnaire le vendredi à 15h59. Qu'elle échappe à une quarantaine de militaires armés jusqu'aux incisives avec seulement un pied de table et deux produits détergents ou qu'elle se balance d'un hélico pour tomber en plein milieu d'un lac duquel elle sortira vingt secondes plus tard le brushing soyeux, Angelina donne de sa personne (elle a réalisé la majeur partie des cascades elle-même) au service d'un script léthargique qui l'érige, dix ans après Tomb raider, big mamma de l'entertainment bourru.
En débriefant le film avec L.M., Akwell, Thomas et Olga, notre pole danceuse de bureau, nous avons mesuré les largesses de notre stratégie marketing : Salt n'a pas tenu ses promesses d'action movie à utérus. L'arnaque est totale, le film, lui, tristement masculin et ma review, bêtement couillue. A la fin Angelina se déguise même en mec pour sauver les Etats-Unis d'une domination communiste. SEUIL DE GIRLY ATTITUDE : 1%. FUCK YOU URSS.
Ma prof de cinéma s'offusquerait en lisant de tels propos.
RépondreSupprimerPersonnellement je dois avouer que vous avez un certain talent pour les reviews.
Lux.
File le lien d'ASBAF à ta prof de ciné puis regarde-la faire une attaque cardiaque. Remercie-nous ensuite.
RépondreSupprimerCritique tout à fait juste!
RépondreSupprimerEt tague ASBAF sur son boule pour en faire une sorte de pub ambulante dans ton école, si possible.
RépondreSupprimerCette review est c o o l, d'ailleurs quelque part c'est quand même triste que l'on se prenne probablement plus la tête à écrire une review que certains scénaristes à pondre un truc qui sera la base d'un film merdique dans le genre.
j'aime le style de la review ^^
RépondreSupprimerJ'ai certainement passé plus de temps à écrire cette review que Kurt Wimmer à pondre le scénar de Salt mais je ne m'en sens que plus grand.
RépondreSupprimerPas besoin de faire de pub pour ASBAF dans l'école, le site est déjà connu par de nombreux élèves (bon j'avoue que j'y suis pour quelque chose parce que j'en ai beaucoup parlé).
RépondreSupprimerLux.
Salt, ça manque de sel. (pardon)
RépondreSupprimerLux, tu es un brave fanboy.
RépondreSupprimerAljuju, on te pardonne.
Salt? C'était pas le nom d'un accord (international) pendant la guerre froide?
RépondreSupprimerA ce que je vois ils ne se sont même pas cassés le cul pour le choix du nom du protagoniste.
Encore une très bonne critique qui m'évitera de claquer 4,90€ pour rien au cinoche du coin, merci les gars! \o/
RépondreSupprimerEnfin c'est pas comme si les 2 minutes du trailer à base d'Angelina Jolie (et son incroyable talent d'actrice), d'apparente histoire bancale sur fond de Guerre Froide et de grosses bastons chorégraphiées n'avaient pas déjà fini de me convaincre.
Je crois que je n'ai même pas vu la bande-annonce.
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