NIGHT AND DAY : TOM CRUISE JOUR ET NUIT

Pour calmer les pattinsongirlz en rage depuis la fronde anti-Twilight lancée dimanche par Akwell, les grandes instances d'ASBAF m'envoient, pour mon bizutage, caresser dans le sens du poil notre lectorat fâché en ne disant que du bien du dernier blockbuster en date. C'était ça ou la bite au cirage. J'ai choisi Night and day. Et ça tombe bien, il est plutôt bonnard.

L'histoire, s'il en fallait une, c'est Tom Cruise, agent secret d'1m60, qui combat des accros de la gâchette avec collée à ses bask' Cameron Diaz, jeune donzelle de 48 ans. Entre atterrissage d'avion en chute libre, sauts de cabri de toit en toit de voitures lancées à 170 km/h et esquive de missiles à têtes chercheuses sur une plage de sable fin, tout a été pensé pour que le spectateur en ait pour son argent. Et c'est normal car, backstage, se trame un sacré enjeu : relancer simultanément les carrières de Tom et Cameron, quelque peu déchus au box office ces derniers temps. Une opération de com' bien masquée par l'aspect parodique et roublard du scénario : Night and day graffite gentiment les statues 90's de nos deux gloires d'antan. Lui incarne un Ethan Hunt sarkozyste (maxi-agitation, micro-efficacité), boy-scout capable de désamorcer une bombe H les yeux fermés, avec un couteau-suisse et trois grains de riz. Elle surjoue son côté girl next door pétillant - alors qu'on sait tous qu'une bouteille de Badoit ouverte plus de trois jours n'aura plus aucune bulle (saisissez la métaphore ?). Tout le monde semble donc y trouver son compte, même le réal James Mangold a priori ravi de pondre un blockbuster entre Charade et Mr & Mrs Smith.

Mais, au fond, on ne serait pas en train de mater M:I:4 ? Presque, sauf qu'ici, tel un slogan Nike en pleine Coupe du monde : impossible is nothing. Tom, malgré sa taille, disons, franco-présidentielle, a tout ici d'une surhomme et l'efficacité comique du film repose essentiellement là-dessus. Un souci avec une cinquantaine de gusses armés jusqu'aux molaires ? No blem, trois coups de savate made in Cruise et on sirote tranquillement son malibu sous les palmiers. Chaque scène défiant l'impossible, on en arrive à se demander si le scénar ne serait pas signé Barney Stinson tant Night and day demeure le plus criant manifeste du "possimpossible", précepte de vie du roi de HIMYM. Et n'en déplaise aux Cahiers du cinéma, le film is going to be legen-wait for it-dary.

Tout de même, avec un tel chewing-gum (Cameron) sous la semelle d'un agent tête brûlée, tout cela garde-t-il une once de contact avec la réalité ? Pas le moins du monde : pour ne pas être encombré, Cruise file à Diaz la drogue du violeur et trimballe son corps endormi partout avec lui, dans une voiture, dans un avion, en parachute. A l'heure où Paul Greengrass distribue des tracts pro-cinéma du réel sur tous les tournages hollywoodiens, ce déphasage à la réalité procure ce sentiment doux-dingue que distillait à foison le pop-corn movie des 90's. Yummy.

En résumé, trois choses : A) on s'excuse auprès des fans de la plus mormone et nulle à chier des lovestories modernes. B) Tom Cruise redevient le plus cool acteur US du moment. C) les raclures d'ASBAF ne payant pas ses rédacteurs au mois mais à la pige, nous on se revoit très vite.