...qu'Enter The Void est un film décevant mais pas à foutre au feu pour autant : il a le mérite d'expérimenter et de proposer des nouveaux trucs pour nos yeux, nos oreilles et nos cervelles nourris aux hormones Michael Bay. Mais est-ce qu'on attendait moins de Gaspar Noé ? J'imagine même qu'il finira pourtant probablement par me hanter à la manière d'un Lynch : quel gâchis.
Ouaip, je commence par ma conclusion histoire de faire ton sur ton avec le film, que le réalisateur choisit de commencer par les crédits de fin... ce qui amène une fin abrupte. Cet article pourri finira donc de la même manière.
Il semble depuis quelques temps que ce soit le calme plat niveau sorties de très bons films français. C'est pourquoi j'attendais Enter The Void avec une certaine impatience : une affiche qui tabasse, le nom de Gaspar Noé imprimé dessus (Irréversible, Seul Contre Tous), et une bande-annonce qui laissait présager un truc encore plus expérimental que d'habitude.
Je me suis donc rendu au ciné, ai payé ma place – ce bout de papelard cheap dont le prix scandaleux ne fluctue pas en fonction de la qualité du film, ce qui est regrettable vu qu'on pourrait passer environ huit-cent fois plus de temps au cinoche – et me suis installé. J'ai maté le film. Je suis ressorti, mes genoux ont touché terre et, les bras cherchant le ciel, j'ai crié : « NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON ! »
Début du film : les noms de l'équipe et des acteurs apparaissent façon stroboscope à en flinguer un épileptique : du bon. Et ça commence : caméra à la première personne, un type (Oscar), sa sœur (Linda, jouée par Paz de la Huerta), Tokyo. Discussion sur la vie après la mort, la réincarnation et ces conneries. Puis la mort soudaine du personnage. On est à un quart d'heure dans le film.
Pendant les deux heures qui suivent, il n'est que deux choses : l'errance de l'esprit d'Oscar, d'abord, matérialisé (kind of) par une caméra muette survolant littéralement Tokyo et les évènements. Une entité qui se balade dans l'espace, donc, mais aussi dans le temps : des flashbacks ponctuent le film, d'une part sur l'histoire de cette relation frère-soeur un peu borderline (Dany Boon comprendra) comprenant notamment l'accident mortel qui les ont séparés de leurs parents, et d'autre part sur les mésaventures récentes. Le tout se fait à travers des vortex lumineux (les ampoules, les bougies), idée sympa mais imbuvable à force de se répéter pendant trente plombes.
La seule vraie force d'Enter The Void est qu'il est une espèce de bac à sable où Noé joue avec les points de vue d'une manière jusqu'alors inexplorée. La subjectivité d'abord, vécue dans l'histoire et mise en scène avec la caméra dans les yeux du personnage (poussant le vice jusqu'à faire des noirs brefs sur l'image pour les battements des paupières) suivie d'un éloignement progressif de ce point de vue trop centré (caméra rapprochée à la troisième personne) pour finir sur une complète vue depuis le ciel (ou plutôt le plafond) presque divine, omnisciente – Oscar demande d'ailleurs à sa sœur, au début du film, ce que ça ferait de voir depuis un avion. Noé joue sur la forme, au pluriel si vous voulez (d'autant plus que Paz de la Huerta n'a pas une fringue sur elle pendant tout le film), et c'est plutôt neuf pour le coup ; mais c'est un film foncièrement formel et ne reste donc qu'un objet. Mettez n'importe quelle autre histoire pour servir la forme, elle n'aura ni assez d'espace, ni assez d'importance pour influer sur l'appréciation finale du film.
Enter The Void fourmille d'incohérences artistiques, même si on ne doute pas un instant qu'elles sont délibérées. Dans Irréversible par exemple (avec Cassel et Bellucci), l'authenticité des évènements était justifiée par une image pure, comme prise par un passant, ainsi que par des plans séquences incroyablement longs et réalistes. Dans son nouveau film, l'image est artificielle, retouchée, stylisée, appropriée : bien, mais que viennent alors y foutre des plans-séquence – par ailleurs complètement insignifiants et contrefaits –, si ce n'est pour le bling-bling ?
Plus de la moitié de la salle s'est barrée avant la fin, ennuyée ou mal à l'aise. Le film est dérangeant mais finit surtout par être incroyablement chiant. Ah et qu'est-ce que cette dernière partie merdique ? Vingt minutes (?!) de scènes de baise diverses dans les chambres d'un love hotel qui clôturent le film sur un message vaguement con-con.
Pour conclure, je dirais
NOOOOOOOOOON!! J'irai le voir anyway, mais dur de voir confirmer le vague soupçon après vue de Irreversible... J'irai le voir en m'attendant au pire, ptet que j'aimerai!
RépondreSupprimerEt joyeux anniversaire chantale!
Tu aimeras peut-être, au moins le début je pense. Tu me diras.
RépondreSupprimerBeaucoup d'humour dans ta critique et j'avoue reconnaître un peu mon expérience du film. Mais malgré tout, il m'a marquée, et je l'ai trouvé très beau. Mais très loooooong.
RépondreSupprimerDur mais pas totalement faux. Gaspar Noé a fait son artiste mégalo qui refuse de couper, qui dit que 2h35 c'est mieux que 2h, et résultat une majorité de spectateurs s'emmerdent. Parfois, c'est con de laisser un final cut. Enter the void en est le PARFAIT exemple.
RépondreSupprimerMoi aussi j'ai pensé à l'annif de Chantal pendant le film, et à tout un tas de conneries,comme vider le verre ou acheter un pince à envie pour me retirer la peau autour des ongles de pieds.
RépondreSupprimerMerci pour le compliment sur mon blog! Je me permets un lien vers le tien, j'adore les cinéphiles acerbes! A plus!
RépondreSupprimerApprend à écrire, trou d'cul
RépondreSupprimerAaaaaaaaaahhh. Enfin notre première insulte. Ou alors s'adressait il a un commentaire. Ou était-ce Gaspar... Nous ne saurons jamais (comme disaient les hobbits).
RépondreSupprimerOuaip, si j'ai fait une faute sur un article au complet, mille escuzes, par contre me jette pas la pierre ma poule, ou je vais devoir être tatillon à mon tour et envoyer mes potes manouches te foutre un bescherelle dans le cul pour pas savoir conjuguer l'impératif - ce dans une phrase de cinq six mots.
RépondreSupprimerAllez j'ai l'air méchant mais en vrai il me fait plaisir ton commentaire. bise.
Tu oublies de préciser que les crédits, on se les tape deux fois de suite en ouverture du film quand même, pas qu'une fois. Et ça, ça te pose les problèmes de longueurs du film d'entrée de jeu...
RépondreSupprimerA mon avis en matant le final cut il l'a trouvé chiant à mourir, mais pour faire "assumé" a décidé de passer 50 fois les crédits et les noms des acteurs.
RépondreSupprimerfuck yes flime chiant à mourir.
Un billet bien sympatoche qui m'a fait triper. La courbe sur l'enthousiasme, pas mal du tout. Pas sûr que Noé tripe pareil ;).
RépondreSupprimerJe suis plutôt d'accord avec ta critique. La première partie est réjouissante, on s'attend à quelque chose de prenant vu son originalité. Et puis après, ça devient D'UN CHIANT. Encore maintenant, je me demande où j'ai trouvé la force de rester pendant 2h30 (pour pas dire 3h) devant ce défilement de scène, la majorité inutiles. C'est dommage, parce que ce film innove au niveau de la forme, mais le fond est plutôt vide.
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